L’emploi du temps, vu par Doris, psychométricienne

Pandacraft Éveil Numéro Le Quotidien – À partir de 27 mois

Pourquoi Mon premier emploi du temps ?

D’abord parce qu’en tant qu’adulte on néglige souvent le besoin d’anticipation et de repères temporels des enfants. C’est essentiel pour les aider à gérer plus facilement le quotidien. Un enfant qui a de solides repères temporels est un enfant moins anxieux et plus autonome.

Ce que j’adore ici c’est qu’on va travailler ces notions temporelles en s’amusant avec un support visuel.  Bien qu’à cet âge votre enfant soit en pleine explosion du langage, il a toujours besoin de supports visuels. Cela va l’encourager à verbaliser.

Ensuite, cette activité est un formidable moyen de passer du temps ensemble à se raconter la journée. Les enfants ont beaucoup de mal à raconter leur journée, c’est très frustrant en tant que parent. Mais je suis convaincue que cette activité va y remédier.

Enfin, c’est très original d’adapter le traditionnel semainier en un journalier utilisable dès 27 mois. C’est aussi très utile car on approche de l’entrée en maternelle, cette activité va donc donner des clés aux enfants pour préparer ce passage important dans leur vie. C’est un parfait point de départ pour faire régulièrement cette activité pendant plusieurs années. En commençant tôt le travail de la temporalité, on aide l’enfant au bon moment. Le tout avec une symbolique à son niveau grâce aux images auxquelles il est déjà sensibilisé.


Les conseils de Doris pour l’activité

On peut l’utiliser à la fois pour raconter la journée passée et pour préparer la journée à venir.

La clé, c’est de poser des questions fermées et de faire un pré-tri des cartes. Par exemple, si le matin même on est allé au parc après s’être habillé, je lui demande en lui présentant les deux cartes correspondantes : « Ce matin, est-ce qu’on a commencé par aller au parc ou par s’habiller ? ». Et hop ! On avance comme ça au rythme de l’enfant. Ça fonctionne aussi si on n’était pas avec son enfant : « Aujourd’hui, est-ce que tu as fait de la peinture ? ».

On peut ensuite ajouter des cartes « pièges » mais pas trop proche. Par exemple,  j’ajoute la carte voir mamie alors qu’on n’y est pas allé mais je n’ajoute pas la carte diner alors qu’on a goûté car c’est trop proche. Il faut que ce soit nettement différent. 

S’il se trompe dans l’ordre, je ne dis pas « non c’est faux », je dis « est-ce qu’on est allé au parc en pyjama ? Non ? Donc c’est qu’on s’est habillé avant ! ». 

On peut aussi au cours de la journée retourner au frigo pour enlever les cartes lorsque l’enfant a réalisé une activité (ou marquer la carte comme réalisée, c’est au choix en fonction de ce que l’enfant comprend). Ça va l’aider à visualiser la journée et à comprendre que, pour aujourd’hui, l’activité ne reviendra pas. 

Pour projeter le lendemain, je trie déjà les bonnes cartes. Je commence par expliquer les cartes qu’il ne connait pas encore ou qui ne font pas partie de sa routine. Puis on commence à ordonner les cartes : « Alors le matin, c’est comme d’habitude, on va prendre le petit déjeuner » etc…

Au passage, je pense à un détail : le sens lecture.  Ça peut être de gauche à droite, ou de haut en bas. Les deux fonctionnent, il faut s’adapter à ce que l’enfant va préférer et trouver immédiatement logique.

En mettant les cartes dans l’ordre on lui donne des repères temporels. Attention, l’apprentissage de la temporalité est très longue, il ne faut donc pas s’attendre à ce que ça fonctionne illico. Beaucoup d’enfant de 4 ou 5 ans disent encore « hier » en parlant d’un fait survenu il y a 3 jours ou le matin même. C’est normal. Simplement, avec cette activité, on aide l’enfant dans son développement.

L’intérêt final de l’apprentissage des repères temporels c’est surtout la gestion de l’anxiété et l’apprentissage de l’autonomie. 

Anxiété. Pour l’adulte, c’est évident tellement c’est acquis. Mais pour l’enfant, tout est dans le « maintenant ». Si je lui dis demain on va voir Mamie, mais avant on va gouter, je lui donne deux informations contradictoires qui génèrent de l’anxiété puisque pour lui les deux surviennent au même moment. Sachant qu’il est à un âge où c’est très compliqué d’exprimer cette anxiété, il va la garder pour lui ou exposer immédiatement sa frustration qu’il ne sait pas gérer. Sans cette notion de temporalité, impossible d’avoir une pensée organisée et sereine ; et impossible de gérer seul sa frustration car il ne comprendra pas qu’on ira au parc, mais que ce sera après le gouter.

Autonomie. Si je lui dis « tu dois mettre tes chaussures maintenant parce qu’on va partir à l’école », il ne saisit pas l’enchainement logique dans le temps. Il va donc falloir mettre ses chaussures à sa place. Encore une fois, c’est tout à fait normal à cet âge, mais ce type d’activité va l’aider à gérer ces situations par la suite. Des enfants habitués à structurer leur journée seront plus proactifs dans leur routine : « Alors on commence par quoi ? on se brosse les dents ou en prend le petit déjeuner ? Va voir sur la frise si tu hésites. » Et cette proactivité est essentielle pour l’entrée en maternelle.


Doris Hagaï est psychomotricienne

Formée à l’institut Pierre et Marie Curie au sein de l’hôpital universitaire de la Pitié Salpêtrière.

Une fois installée à son compte, Doris s’est spécialisée dans la prise en charge des enfants porteurs de troubles neurodéveloppementaux (trouble du spectre autistique, trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, dyspraxies, troubles d’acquisition des coordinations …).

Elle a également participé au développement de structures de jeux en mousse dédiés aux crèches (MOM’S).


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